Le coliving inquiète les municipalités

Le marché de l’immobilier est toujours en crise, avec de moins en moins d’offres de vente ou de location répondant à une demande en constante hausse. Une situation dans laquelle le coliving parvient à tirer son épingle du jeu. De plus en plus de projets immobiliers orientés vers le coliving voient ainsi le jour, ce qui n’est pas forcément du goût de tout le monde.

Une législation trop floue

C’est le premier point sur lequel tablent les détracteurs du coliving : l’absence de législation. En effet, le concept du coliving est tel qu’aucune loi et règlementation ne semble être applicable de manière appropriée. Pour rappel, le coliving se présente sous la forme d’une location collective d’un bien immobilier, avec des services et prestations hôteliers inclus dans le loyer.

C’est une colocation de luxe qui s’accompagne donc de loyers « abordables », mais supérieurs à la moyenne en comparant avec les autres types de biens mis en location, simple ou collective. Une situation qui alimente davantage la crise du logement d’après Sophia Popoff, adjointe au logement et au renouvellement urbain à Lyon. « Nous y sommes clairement défavorables. Notre politique municipale vise à créer du logement abordable et social pour les classes moyennes et populaires, insiste l’élue. Nous voulons atteindre les 25 % de HLM prévus par la loi SRU et nous avons mis en place l’encadrement des loyers en 2021 : or, le coliving va à l’encontre de cette ambition. Il raréfie l’offre et tire les prix vers le haut ». Et d’ajouter : « J’ai dans ma rue un appartement loué de cette façon dont le loyer total dépasse de 1 700 euros l’encadrement réglementaire. C’est de la spéculation immobilière qui ne répond en rien aux besoins des gens. »

D’autres villes défavorables au coliving

D’autres acteurs du débat sur l’impact réel du coliving sur le marché immobilier rejoignent le constat de l’élue lyonnaise. C’est le cas de son homologue à Paris Ian Brosset, qui juge que les biens mis en coliving sont « hors de prix », et ne « correspondent pas du tout à ce qu’on souhaite faire, notamment pour les jeunes, les étudiants ».  Aurore Tabordet-Merignoux, avocate en droit de l’immobilier à Paris, admet elle aussi que le coliving s’adresse à un public « aisé », « à des personnes qui ont envie de garder une certaine qualité de vie et qui veulent réduire les aléas de la colocation ».

Du côté de Bordeaux, la mairie avait notamment refusé de délivrer un permis de construire à la société d’investissement Atroom, qui avait pour projet de bâtir un logement en coliving dans la ville. Une décision renforcée en aout dernier par la cour administrative d’appel de la ville. Enfin, à Marseille, Patrick Amico qui est lui aussi adjoint au logement déplore un marché de l’immobilier asséché par la recrudescence de la location Airbnb et du coliving : « Nous n’avons pas les moyens réglementaires de les contrôler, ni de permis de diviser pour rendre obligatoire la déclaration des découpes. C’est une problématique qui nécessite une réponse de l’État. »

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