Malgré une crise sans précédente, le marché immobilier français continue son évolution, en grande partie portée par l’engouement général autour du coliving. Ce mode de colocation haut de gamme proposant divers services incluent dans le loyer séduit de plus en plus les promoteurs immobiliers, au même titre que les étudiants, entrepreneurs, freelances et autres jeunes actifs qui sont les premiers concernés par le problème du logement. Une popularité qui n’est pas du goût de tout le monde, spécialement à Lyon.
Le coliving impose des coûts élevés aux locataires
Un petit rappel s’impose pour comprendre le mécontentement des élus de la Métropole de Lyon concernant l’expansion du coliving. Le coliving est un mode de colocation qui se démarque du modèle traditionnel en proposant un loyer mensuel unique dans lequel sont inclus plusieurs services que l’on pourrait qualifier de « haut de gamme » : chambre meublée, ménage des parties communes, courses hebdomadaires, abonnements aux plateformes de streaming, Wi-Fi gratuits, parking gratuit, roof-top, salle de sport, espace de coworking, etc.
Ce type de location entend répondre aux besoins des étudiants, entrepreneurs, jeunes actifs et autres locataires en quête d’un logement offrant un environnement de vie agréable, avec le partage et la flexibilité au cœur du projet.
Des arguments qui ne passent cependant pas du côté de l’administration, notamment à Lyon, où Renaud Payre, vice-président métropolitain au logement social, s’insurge contre la montée en puissance du coliving sur le marché immobilier. L’élu est « totalement remonté contre ce type de produits qui imposent des services à des personnes en recherche de logements, lesquelles seront amenées à dépenser plus, car elles n’ont pas le choix ».
Le coliving : porte dérobée pour les propriétaires
Un autre point majeur est utilisé par les élus lyonnais pour justifier leurs méfiances vis-à-vis du coliving. Pour eux, ce mode de logement n’est qu’une porte dérobée pour les propriétaires et les promoteurs immobiliers, afin d’échapper à l’encadrement des loyers. « Le problème, c’est que les résidences services ne sont pas intégrées à la loi sur l’encadrement des loyers. Il faudrait qu’elles y entrent. On essaie de faire remonter, mais il ne semble pas que ce soit parti pour être pris en compte dans la prochaine loi logement… » poursuit l’élu de Gauche Unies.
De par sa nature de location hybride (colocation proposant des contrats individuels aux locataires, accompagnés par des services de type « hôtelier »), il est actuellement difficile pour le système administratif d’appliquer un quelconque plafonnement des loyers au sein des résidences et logements dédiés au coliving. Et cela se ressent sur le marché immobilier à Lyon : 825€ en moyenne par mois pour un studio en coliving, contre 592€ par mois pour un simple studio.
Le coloving progresse contre vents et marées
Ce grognement de la part des élus en charge du logement à Lyon ne semble nullement décourager les promoteurs immobiliers qui se bousculent pour lancer leurs projets un peu partout en France. Dans la cité rhodanienne, Vinci Immobilier ouvrira par exemple en octobre prochain sa résidence Bikube. Située dans le quartier de Sans Soucis à Lyon 3e, cette nouvelle résidence de coliving proposera 146 logements avec un loyer de 850€ mensuel pour un T1.
Pour répondre aux inquiétudes des élus locaux, Émilie Schlageter, directrice du projet, défend en soulignant que le coliving ne vise pas « à prendre des places à des logements plus abordables. En réponse à la crise du logement, c’est une offre qui permet de désengorger le parc locatif dans les grandes villes ».